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Mycéniens et Troyens

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Les images du dernier film sur le thème de la guerre de Troie sont encore dans les esprits, chacun a choisi son camp, les fabricants de figurines ont suivi, voire anticipé pour certains. Il est temps de faire un rappel sur les protagonistes et d’offrir quelques conseils pour les convier à votre table... de jeu.

Les Mycéniens
Du nom de la plus célèbre cité (Mycènes) des Achéens, peuple indo-européen qui s’est installé sur une partie du territoire grec actuel à partir de la première moitié du IIème millénaire av. n. è. Arrivés du Nord, ils se sont fixés autour de plusieurs fiefs, Mycènes, Pylos, Tirynthe, Amyclée (près de la future Sparte), Thèbes. Au contact de la brillante civilisation Minoenne qui florissait alors en Crète (1900-1450 av J.C.) ils se sont montrés de bons élèves et ont permis à cette civilisation, devenue  par la force des armes mycénienne, de perdurer jusqu’à la fin de ce même millénaire. En témoignent les très riches et luxueuses trouvailles archéologiques, mais aussi les précieux textes inscrits sur des tablettes provenant de leurs principales citadelles. Les Achéens n’en poursuivirent pas moins leurs activités de pillage dont furent victimes leurs maîtres minoens, peut-être alors affaiblis par une catastrophe naturelle occasionnée par l’explosion du volcan de l’île de Théra, l’actuelle Santorini. Lors de leurs raids les Achéens se sont assurément avancés jusqu’à la côté anatolienne où certains chefs de bandes n’ont pas manqué de remarquer l’opulence de la ville de Troie.

Les Troyens
A la différence des Achéens, hormis de luxueux objets livrés par le site d’Hissarlik (Turquie) qui pourrait être celui de Troie, nous ne disposons d’aucun document écrit nous renseignant sur la population qui vivait dans cette cité à l’époque des événements que relaterait  l’Iliade. On ne peut donc que supposer, au vu des trouvailles, qu’il s’agit également d’un peuple d’origine indo-européenne. Certains chercheurs proposent de les rattacher à une première vague des Peuples de la mer dont des éléments se seraient arrêtés en Crète et sur la côté anatolienne.

D’autres hypothèses, basées sur la découverte de textes hittites (tablettes de Hattusas-Bogazkoy), où l’on croit reconnaître les noms de certains personnages ou lieux évoqués dans l’Iliade, font des Troyens des alliés, voire un poste avancé des Hittites. Quoi qu’il en soit, par sa position à l’entrée du détroit de l’Hellespont et, de ce fait, contrôlant ce qui était alors la route du cuivre, le site exceptionnel d’Hissarlik a de tout temps incité les hommes à s’y installer. Entre le début du IIIème (2900) et la fin du IIème millénaire (1180) ce sont au total sept cités (I-VII) qui s’y sont succédées. Celle qui s’y dressait jusque vers 1250 5 (Troie VI) attestait d’un remarquable niveau de civilisation tant par le luxe de ses habitations que par son système de défense très sophistiqué. C’est cette ville qui semble être la candidate la plus sérieuse pour avoir été la cité convoitée par les Achéens.

10 ans de guerre
Au vu de son système de défense, la prise de la ville devait poser un gros problème à tout assaillant. La cité se composait d’une ville-basse protégée par une première enceinte venant s’appuyer sur une citadelle* dont les remparts, en grande partie conservés, dénotent un art achevé de la construction défensive. Atteignant près de 10 m de haut, leur appareil entièrement en blocs équarris ne présentait aucun blocage intérieur ce qui est exceptionnel. Ils étaient renforcés de deux tours dont la disposition assurait une protection maximum des portes. L’agencement intérieur de la citadelle permettait quand à lui une circulation très rapide en direction des portes en cas d’alerte. On estime par ailleurs que la ville pouvait abriter une population de 5000 à 10000 habitants, ce qui en faisait une des plus grandes cités de cette région pour l’époque. On peut donc supposer que les Achéens se sont longtemps contentés de venir piller la Troade. Après tout, les Spartiates n’en firent-ils pas autant lors de la guerre du Péloponnèse durant laquelle ils ne se risquèrent jamais à assiéger Athènes. La durée du conflit est confirmée par le texte même de l’Iliade. On notera que ce dernier, ainsi que d’autres versions de la légende troyenne évoquent l’arrivée régulière de renforts conduits par de nouveaux Héros au cours des dix années de guerre :  Rhésos le Thrace, Eurypile le Mysien et Memnon l’Ethiopien. On pourrait donc ici revenir sur les tablettes hittites déjà mentionnées. Si Troie disposait d’un allié en ce puissant peuple, oublié à l’époque d’Homère et peut-être remplacé par de lointains Ethiopiens, ou pour le moins du soutien d’autres cités anatoliennes, les Achéens ne pouvaient à nouveau qu’hésiter à entreprendre un véritable siège. Il est donc permis de penser qu’avec le temps une série de raids plus particulièrement concentrés autour de Troie et leurs péripéties sont restés dans les mémoires comme un long conflit et ont offert la trame de l’épopée.

Le cheval de Troie
Outre la possibilité que les Achéens aient effectivement pris la ville grâce à ce stratagème, plusieurs explications ont déjà été avancées par divers auteurs antiques.

  1. Les assiégeants seraient entrés dans la ville par une porte, ouverte par  un  traître (que nous ne nommerons pas faute de preuve) sur laquelle aurait été peinte l’effigie d’un cheval
  2. Avant l’assaut final, les Grecs se seraient rassemblés sur une hauteur appelée Hippios (Cheval)
  3. Le cheval serait une métaphore littéraire du bateau (utilisé par les Achéens pour débarquer sur la cote troyenne)

Pour leur part les chercheurs hésitent entre

  1. L’utilisation d’une machine de guerre (type bélier) dont la possible existence à cette époque serait attestée par des peintures égyptiennes datant de la XIIème dynastie et ornant une de tombe à Beni-Hasan
  2. Un tremblement de terre qui aurait endommagé les remparts et permit aux Achéens de prendre la ville. Dans ce cas, ne pourrait-on supposer que des Achéens, qui venaient précisément de quitter la Troade après quelque raid plus ou moins réussi, et qui aurait ressenti ce tremblement de terre (alors qu’ils étaient déjà en mer), aurait eu la bonne idée de rebrousser chemin pour trouver la ville en proie au désarroi et l’enlever sans difficulté. Si on ajoute que le cheval est un des symboles de Poséidon, dieu de la mer, auquel on attribue également la survenance des séismes, on a quasiment tous les éléments : une ville bien remparée et imprenable ; un long conflit ; un cheval, peut-être sacrifié par les Grecs à Poséidon AVANT leur départ pour qu’il leur accorde une mer clémente ; puis un « retour »  surprise (et futé) des Grecs ; et la prise de la ville. Il n’y manquait que le génie d’un poète (ou de plusieurs) pour immortaliser Troie et son destin.

* Homère utilise souvent, en parallèle avec les noms Troie et Ilion, le nom de Pergame pour désigner la cité où résident les principaux héros troyens. On pourrait donc supposer que ce nom était plus précisément celui de la citadelle, alors que Troie et Ilion auraient désigner l’ensemble de la ville. On note d’ailleurs que les petits romains semblent déjà avoir joué à un jeu de guerre, ancêtre de bien d’autres, basé sur la prise de Troie, dont le nom était « Pergame ».

Bibliographie
L'Iliade, Homère
L'Odyssée, Homère
L'Enéide, Virgile
Récits inédits sur la guerre de Troie, Gérard Fry, Les Belles Lettres,
Troy c. 1700-1250 BC, Osprey
Mycène, Osprey*
Histoire des guerres de l’Antiquité, John Warry, Bordas
The Greek Armies, Peter Connoly, Macdonald

Revues
Archéologia, n° 220 janvier 1987
Archéologia, n° 267 avril 1991
Les Cahiers science et vie, n° 70 août 2002

Voir aussi les images de la guerre de Troie.